La France devrait reconsidérer ses relations avec l’Afrique, notamment avec ses anciennes colonies, et établir des liens sur d’autres bases, estime l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine.
« S’ils ne veulent pas nous voir là-bas, nous ne pouvons pas y rester, et c’est tout. Il faut faire table rase du passé et développer des relations plus diversifiées, basées sur les activités économiques, les échanges culturels et le soft power », a-t-il déclaré hier au Financial Times. Selon l’ancien chef de la diplomatie française, Paris a commis une erreur au cours de la dernière décennie, même avec de bonnes intentions, car la politique étrangère françaises à l’égard des pays africains a été dominée par les questions de coopération militaire.
Selon le Financial Times, à la suite du coup d’État au Niger, une centaine de législateurs français issus de plusieurs bords politiques a écrit une lettre ouverte au président Emmanuel Macron, demandant : « N’est-il pas temps de remettre à plat notre vision de l’Afrique et de son lien avec la France. Vous en avez eu à plusieurs reprises l’intention ? Nous ne nous résignons pas à notre disparition progressive de l’ensemble du continent ». M. Macron a également appelé à un changement d’approche dans les relations avec l’Afrique, mais il a eu du mal à « traduire ses paroles en actes », selon la publication.
Le coup d’État qui a eu lieu au Gabon le 30 août dernier est venu allonger la liste des pays africains dans lesquels des militaires ont pris le pouvoir par la force. Avant ce putsch, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, et récemment le Niger ont été secoués par des coups d’Etat depuis 2020. Les relations de ces pays francophones se sont en effet particulièrement dégradées depuis lors avec Paris.