Octobre 2021

Présidentielle 2023 : Grâces et disgrâces dans la Bongo-sphère

Par La Rédaction du Gaboma
Publié le : 6 octobre 2021 à 06h04min | MàJ : Octobre 2021
Présidentielle 2023 : Grâces et disgrâces dans la Bongo-sphère

Présidentielle 2023 : Grâces et disgrâces dans la Bongo-sphère Photo : Droits réservés/GabomaInfo

Ali Bongo veut être candidat à sa propre succession, en 2023, ou 2022 (par anticipation), c’est selon. Il y tient absolument et ce, en dépit des graves séquelles de l’AVC qui l’a frappé en octobre 2018. Lequel, on le voit bien, a considérablement entamé ses capacités physiques et cognitives. Mais, pour qui pourrait apparaître comme son ultime combat politique – faut-il encore y parvenir –, le président gabonais s’est lancé dans une méthodique opération d’évictions-promotions-mutations dans son entourage.

Le premier à avoir fait les frais de ce lifting inattendu est Noureddin Bongo Valentin, le propre fils d’Ali . Après avoir occupé pendant deux ans la très stratégique et puissante position de Coordonnateur général des Affaires présidentielles (CGAP), Bongo fils a été récemment démis de ses fonctions. Brutalement, sans explication. Si certains tentent de justifier ce limogeage sec, par un repositionnement tactique de la part d’un jeune homme qui se comportait comme le président bis, d’autres, plus réalistes, s’en tiennent aux faits. Noureddin Bongo Valentin n’est plus CGAP.

Il a été congédié, sorti de la présidence de la République et ce, à un moment où la classe politique dans son ensemble s’apprête à aborder la dernière ligne droite conduisant à la prochaine élection présidentielle. Ali Bongo et son équipe ont mis la manière, certes, mais le timing interroge tout de même. De plus, il y a les non-dits, notamment ceux portant sur les rapports entre le père et le fils, obsédés qu’ils sont, tous les deux, par le fauteuil présidentiel. D’ailleurs, le bimensuel gabonais Echos du Nord Confidentiel, dans sa dernière édition, dresse le même constat :  « Quel que soit le maquillage dont on veut entourer la sortie inattendue du CGAP du cabinet d’Ali Bongo, il est clair qu’ente le père et le fils, les rapports ne sont plus au beau fixe » .

Toujours dans sa famille proche, Ali Bongo s’est également séparé du colonel Frédéric Bongo, son demi-frère . Ce dernier, rendu célèbre pour ses méthodes brutales, était, pendant plusieurs années, l’une des pièces maitresses du dispositif politico-sécuritaire de la présidence où il sévissait à la tête des services de renseignements de la Garde républicaine. Il va devoir, désormais, aller jouer au petit caïd galonné en Afrique du Sud en qualité d’attaché de défense à l’ambassade du Gabon.

Autres sécurocrates bannis et « exilés » : les colonels Arsène Emvahou et Jean-Luc Ndong Amvame. Le premier a été invité à exercer ses talents comme attaché de défense à l’ambassade du Gabon en Belgique – pays où il a étudié et dans lequel vivent son épouse médecin et leurs enfants. Quant au second, la disgrâce est encore plus brutale et humiliante. C’est en Chine que cet ancien légionnaire français (tiens ! tiens !) vient d’être muté. Attaché de défense comme ses deux collègues, Jean-Luc Ndong Amvame qui a dirigé pendant près de huit ans la sécurité rapprochée du président gabonais, pourrait profiter de son séjour au pays de Xi Jinping pour méditer sur deux des principales « qualités » d’Ali Bongo à qui il a pourtant servi de béquille humaine au cours des trois dernières années : l’ingratitude et la méchanceté.

« Le plus grand service que l’on puisse attendre de la reconnaissance des méchants,  disait l’écrivain grec Esope , c’est qu’à l’ingratitude ils n’ajoutent pas l’injustice ».  Dans le cas du colonel Ndong Amvame, tout y est : l’ingratitude, la méchanceté, l’injustice. La triple peine, en quelque sorte, pour cet officier qualifié de brillant mais qui est, selon nos informations, soupçonné d’avoir transmis une copie du dossier médical d’Ali Bongo à son ancien beau-père Guy Nzouba Ndama , président d’un parti politique classé dans l’opposition dite modérée. Sans preuve, le pouvoir – ou ce qui en tient lieu – sanctionne un fidèle qui, en plus, demeure encore affligé par la perte de son épouse, décédée brutalement en décembre dernier d’une mystérieuse « affection médicale ».

Ceci étant, on pourrait légitimement, au vu de leurs « états de sévices », se poser un certain nombre de questions. Par exemple, ces trois colonels sont vraiment à plaindre ? Ou encore : ne serait-il pas indécent, au regard des souffrances qu’ils ont infligées à de nombreuses familles gabonaises dont certaines ont perdu des proches à cause de leur zèle au service d’un dictateur sanguinaire, d’avoir de la compassion pour ces enfants gâtés du régime ? Eux au moins ils ont la chance d’être encore vie, en bonne santé et de disposer de très importantes ressources financières souvent acquise sur le sang de leurs compatriotes. L’Histoire tranchera… En attendant, l’appareil sécuritaire est pour le moment placé sous le contrôle du patron de la Garde républicaine, Brice Clotaire Oligui Nguema.

Pour ce qui est du cabinet civil, des mouvements sont aussi à prévoir. L’actuel directeur de cabinet du président, Théophile « Steph » Ogandaga devrait très prochainement quitter le palais et entrer au gouvernement . Pour lui succéder, deux noms sont en compétition. Son adjoint, le Béninois Mohamed Ali Saliou Océni, fils de l’imam-féticheur Ismaël Océni Ossa, semble tenir la corde. Mais il pourrait se faire doubler par Herman Kamonomono . Jeune homme très ambitieux, ce Téké dont le passage à la tête de la Société nationale immobilière (SNI) ne laissera pas un souvenir ineffable, peut en effet compter sur le lobbying forcené de sa « grande amie » Betty Bongo . Demi-sœur d’Ali, cette dernière joue surtout à fond de son statut de courtisane et dame de compagnie de la régente Sylvia Valentin Bongo pour imposer sa « petite friandise » altogovéenne à la tête du cabinet .

La présidentielle de 2023 approche, faites vos jeux !

Celine Alexandre